Tribunes d’expression libre – Juillet 2024

Tribune d’expression libre de Rambouillet en commun

Parution dans le Rambouillet Infos n° 335

 

LA SANTÉ, UN BIEN COMMUN À MIEUX PRENDRE EN COMPTE SUR NOTRE COMMUNE

« Les communs » sont les ressources naturelles permettant de boire, manger, se loger, se chauffer, se soigner, etc. Aujourd’hui, ils sont de moins en moins communs. L’accès à une alimentation saine, au logement, à l’éducation, etc. est de plus en plus menacé. La santé aussi est dans ce cas.

Pour envisager la santé comme bien commun, il faut d’abord se débarrasser des idées reçues que nous avons quand nous réfléchissons à la Sécurité sociale et au financement de la santé. Car les discours politiques et dans les médias laissent penser que seules les entreprises privées qui font du profit produisent quelque chose, et que la santé, l’éducation, la culture ne font que « coûter ». C’est à prendre en compte à Rambouillet, la santé des habitants est un investissement sur l’avenir.

Pour le territoire de la communauté d’agglomération de Rambouillet (CART) des chiffres nous alertent. En 2019, les généralistes et les dentistes sont plus âgés que la moyenne nationale : 80 % des généralistes ont plus de 50 ans (et 40,7 % plus de 60 ans), pour 50 % chez les dentistes. 57 % des actifs qui partent en retraite prochainement sont des médecins.

La population du Sud-Yvelines est vieillissante : en 2013 la moyenne d’âge était de 38 ans, en 2050 elle sera de 43,2 ans. On peut craindre que les aides à domicile et les places en EHPAD soient insuffisantes. Le vieillissement de la population et la désertification médicale sont deux phénomènes qu’il convient d’anticiper dès à présent.

À Rambouillet, en 2022, il y a eu 4 départs de généralistes à la retraite non remplacés. En 2023, on comptait 23 médecins dont 4 à mi-temps et une seule installation. En 2024, deux doivent partir en retraite. En règle générale, la patientèle d’un médecin est de 1 000 patients ; elle a aujourd’hui dépassé les 2 000. En 2023, dans les Yvelines, 12 000 patients atteints d’une affection de longue durée (ALD) n’ont pas de médecin traitant. À ce chiffre s’ajoutent les autres catégories de patients.

De plus, des médecins choisissent de se déconventionner ce qui entraine une forte augmentation des frais médicaux pour leur patientèle. Autre point noir à Rambouillet : le manque de spécialistes en ville, absence de pédiatre et de rhumatologue ; il reste un seul dermatologue. À terme, cet appauvrissement de l’offre médicale portera ombrage à l’attractivité de notre ville.

Pour ce qui est des enfants ayant besoin d’un suivi spécifique (Instituts Médicaux Éducatifs) les délais de rendez-vous sont extrêmement longs, alors que le dépistage précoce des troubles permet une meilleure prise en charge dans le cadre familial et scolaire.

 

Il existe de nombreuses initiatives de collectivités territoriales (de communes, de départements et de régions), de collectifs et d’associations d’usagers, créant des centres de santé, dont tous les personnels sont salariés, y compris les médecins. C’est une lueur d’espoir pour nombre de territoires et une réponse aux aspirations des jeunes générations de soignant.

 

C’est quoi un centre de santé ? Il fait partie de l’organisation de l’offre de soins de ville. Créé et géré par un organisme à but non lucratif. -Il a des structures d’exercice collectif ; -Il applique le tiers payant sans dépassement d’honoraires ; –Les équipes médicales sont salariées (charte de fonctionnement élaborée avec les médecins) mais le centre pourrait accueillir des médecins non-salariés ; –Les médecins sont déchargés de la gestion administrative du dossier de leurs patients et se concentrent sur leurs consultations. De plus, ils intègrent une équipe et ne sont donc plus isolés dans leur pratique ; -il constitue un lieu de stages pour les étudiants en médecine ; -il peut être déclaré centre universitaire et constituer un lieu de recherche ; -Il peut mettre en œuvre des actions de santé publiques, de prévention et d’éducation.

 

Plusieurs centres de santé sont engagés dans l’expérimentation nationale d’une rémunération au forfait par patient pour une prise en charge globale, qui se substitue au paiement à l’acte. Cette expérimentation est concluante : elle est bénéfique pour la qualité des soins, et participe à l’attractivité du travail en équipe.

A Rambouillet un centre de santé pourrait être installé à un étage actuellement entièrement libre du secteur médecine de l’hôpital. D’ailleurs, la chambre des Comptes pousse à cette solution.

Le Collectif associatif Hôpital santé publique a demandé la tenue d’une table ronde auprès de la CART et de la mairie, avec des représentants de l’ARS, du Conseil Général, de l’hôpital, de l’Aposart (médecins) et des maires. Auront-ils une réponse ? Leur pétition réclamant un centre de santé à Rambouillet a recueilli 1 225 signatures.

 

La végétalisation c’est bon pour la santé Alors que la mairie annonce un plan de végétalisation, trois tilleuls ont été coupés place Félix-Faure à notre insu. Seront-ils remplacés et dans quel lieu ? Alors que la préservation des terres agricoles est déclarée prioritaire avec la loi zéro artificialisation, les terrains près du centre commercial le Brayphin sont retournés par des pelleteuses pour la construction d’une entreprise qui aurait pu s’installer sur des friches industrielles ou commerciales. L’île-de-France possède les meilleures terres agricoles de France et elles disparaissent ici et ailleurs sous le béton et le bitume sans aucune vision de l’avenir et de la nécessité de penser en termes d’autonomie alimentaire. Ainsi un pôle agricole de proximité aurait pu être installé et fournir en circuit hyper court les cantines scolaires en produits bio locaux. Mais hélas, le plan d’autonomie alimentaire territorial, sans prise de position de la ville, a été enterré.

Sources : Ameli, 78.actu, Fédération nationale des
centres de santé

 

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