
Rompre l’isolement des personnes en difficulté en s’appuyant sur l’intelligence émotionnelle des animaux, pour les aider à retrouver du lien social, et par là même une certaine forme de confiance en eux et en la relation humaine : tel est l’objectif du projet de médiation animale porté par Alexiane et Ani.
Lauréates de la bourse Yes You can
Un projet que ces deux jeunes femmes, travaillant dans le secteur médico-social du territoire – éducatrice de jeunes enfants en protection de l’enfance pour la première et assistante sociale pour la seconde –, souhaitent articuler avec leurs pratiques professionnelles respectives. Tout en le déclinant, ensemble, à des publics variés par le biais d’ateliers.
Une idée qui a séduit le jury de la bourse Yes You Can dont elles sont sorties lauréates en 2023. Pour rappel, cette initiative, portée depuis 2021 par la mairie et la Mission Locale, en partenariat avec le lycée Louis Bascan et l’Usine à chapeaux, vise à soutenir des projets individuels d’insertion professionnelle de jeunes âgés de 16 à 25 ans, favorisant ainsi l’égalité des chances. A la clé pour le binôme, un accompagnement personnalisé et une enveloppe de 5000 euros pour concrétiser leur idée.
Un associé à 4 pattes
« En réalité, nous ne sommes pas deux mais trois » rectifie malicieusement Alexiane. Et leur associé répond au doux nom de Teddy. Ce berger créole de 4 ans, adopté par la jeune femme en 2021 qui le surnomme affectueusement « mon bébé des îles », est d’ailleurs au cœur de leur projet. Voire le point de départ.
Si rien ne les prédestinait à se lancer dans cette aventure – enfant, l’une rêvait de devenir professeur d’escalade et l’autre détective privée -, l’amour des animaux, conjugué à l’envie d’aider les autres en ont constitué le terreau. « Depuis petite, je rêvais d’avoir un chien ; j’ai découvert la médiation animale lors de mes études et pouvoir la pratiquer n’était qu’un rêve jusqu’a l’adoption de Teddy » , raconte Alexiane. C’est aussi au cours de sa formation qu’Ani a entendu parler pour la première fois de la capacité qu’ont les animaux, en particulier les chiens, de « ressentir des émotions et des énergies que nous, humains, ne percevons pas forcément » . « J’ai éprouvé concrètement les bienfaits de la médiation animale lors d’un stage où j’ai vu des personnes s’ouvrir, réagir positivement et se détendre en présence de cochons d’inde » , se souvient celle qui a ensuite décidé d’y consacrer son mémoire de recherche.
Réparer le lien entre les vivants
Les deux associées deviennent amies en intégrant le groupe de théâtre de la Mission Locale et découvrent alors leur intérêt commun. Très vite, l’idée de postuler au dispositif Yes You Can s’impose et c’est ensemble qu’elles l’emportent. Si rien ne les force à effectuer une formation, la médiation animale n’étant pas reconnue comme un métier à proprement parlé, elles décident de passer l’Attestation de connaissances pour les Animaux de Compagnie d’Espèces Domestiques (ACACED) qu’elles financent grâce à l’argent de la bourse.
Cette dernière leur a aussi permis d’animer, l’an passé, leurs premiers ateliers à destination des femmes victimes de violences intrafamiliales, portés par la ville à la Bergerie nationale. Avec Teddy, elles ont proposé aux participantes des modules mêlant « parcours de confiance » avec le chien, temps de relaxation et jeu de cartes autour des émotions. « L’une des personnes nous a raconté que le comportement de Teddy, qui a pris peu à peu confiance au cours de la séance, avait agi comme un effet miroir de son propre comportement et de ses peurs lorsqu’elle est en public » , raconte Alexiane.
Un baptême du feu bouleversant qui a ouvert la voie à d’autres animations qu’elles assurent dans leurs métiers respectifs. En mars, Alexiane a ainsi pu animer avec Teddy un atelier à destination des enfants de 6 à 12 ans, avec une psychologue spécialisée dans la protection de l’enfance. Après la validation de leur formation, le duo souhaite créer sa propre entreprise et proposer ses services aux EHPAD et établissements accueillant des personnes handicapées mais aussi aux structures de la petite enfance ou de la protection de l’enfance du territoire. Avec un objectif : offrir une approche bienveillante et thérapeutique aux publics fragiles ou vulnérables.