
Tenue de la caisse à la patinoire, dépouillement des bulletins de vote lors de la nuit du muguet, participation à la Saint-Lubin mais aussi à la Fête du muguet, réunions de travail et d’organisation… : à 71 et 78 ans, Eliane et Jean-Pierre Delahaye n’ont rien perdu de leur engagement bénévole. Ni de leur complicité. Il complète ses phrases, elle rit à chacune de ses blagues et c’est main dans la main qu’ils posent pour la photo. Ensemble depuis plus de 30 ans, le couple met sa bonne humeur comme son énergie au service de la ville et de son comité des fêtes dont ils font partie depuis 2008. « Ce sont des bénévoles très dévoués, et de longue date, qui participent à toutes les fêtes ; à chaque fois qu’on a besoin d’eux, ils ne nous font jamais défaut », vante Sylvie Metayer qui dirige le service de la vie associative de la ville.
Une affaire de famille
Un engagement qui remonte à bien plus loin, dès leur enfance. Rambolitains de naissance, ils sont tous deux très attachés aux traditions et à la vie de la cité. Petits, ils n’auraient raté pour rien au monde les festivités de la Fête du muguet. « C’était un des seuls moments de divertissement dans l’année, on n’avait pas la télé à l’époque » rappelle Jean-Pierre. Eliane, de son côté, n’était pas seulement spectatrice mais aussi actrice de ce moment. « De mes 3 à mes 12 ans, j’ai défilé sur les chars du comité auquel participait ma grand-mère, elle-même élue reine du muguet en 1929. Mes grands-parents étaient très investis en tant que bénévoles et comme ils s’occupaient beaucoup de moi quand j’étais enfant, j’ai baigné dedans », se souvient-elle. Plus tard, alors que la jeune femme devient veuve à 35 ans, elle commence à donner de son temps dans le cadre des activités scolaires et extrascolaires de ses enfants qui ont d’ailleurs aussi attrapé le virus du bénévolat. « Elles ont participé petites, ça leur semble donc normal d’aider quand elles le peuvent ». Le tout en menant de front leurs carrières professionnelles respectives : Eliane a travaillé comme infirmière durant 39 ans à l’Assistance publique des hôpitaux de Paris et Jean-Pierre a notamment tenu le café du Cheval blanc.
La « reine-mère »
Pendant presque 15 ans, le couple s’est spécifiquement occupé d’une mission clé : encadrer les reines du muguet et leurs dauphines. « Gérard Larcher m’a appelée en 2008 et m’a fait entrer au comité des fêtes pour que je prenne soin d’elles, il me surnommait même « la reine mère », rigole Eliane. Véritable chaperon, elle se consacre aux jeunes filles depuis le couronnement jusqu’à la fin de leur mandat, les emmenant en voiture avec Jean-Pierre à toutes les manifestations, cérémonies et visites, veillant à leurs tenues comme à leur bien-être. Une sorte de « deuxième maman » qui avait toujours sur elle un petit kit d’urgence pour ses protégées, mêlant sucre, pansements ou encore nécessaire de couture. « A ce moment là, notre temps libre était consacré au bénévolat et avant la retraite, on y consacrait beaucoup de nos RTT et jours de congé », détaille Jean-Pierre. Un engagement très prenant dont ils ne regrettent rien.
Transmettre le goût des autres… et de la ville
Depuis 2022, le couple a passé la main pour l’accompagnement des reines du muguet. « Il faut savoir laisser la place aux jeunes ! », s’exclame Eliane qui s’inquiète de la crise actuelle du bénévolat. « On voit bien qu’il y en a de moins en moins, que les gens préfèrent consommer que de s’investir et que la société est de plus en plus individualiste », détaille-t-elle. « Il faut que les gens aient conscience que si personne ne donnait de son temps, la patinoire par exemple ne pourrait pas exister », ajoute Jean-Pierre. Le couple se réjouit ainsi de l’arrivée au sein du comité des fêtes de nouvelles générations, et notamment d’anciennes reines du muguet. « On essaye de transmettre notre vision des choses : le bénévolat, ça fait partie de nous, et ça va avec des valeurs de partage et de protection d’un certain patrimoine ». Car à eux deux, Eliane et Jean Pierre, détiennent une véritable mine d’informations sur la ville et son histoire dont ils connaissent les moindres recoins, l’origine des différentes boutiques comme le nom d’une partie de leurs anciens propriétaires. Ils se replongent parfois dans d’anciennes photos ou cartes postales de Rambouillet pendant leur temps libre qu’ils consacrent aussi à la chasse, au jardinage et à leurs 4 petits enfants. Mais hors de question pour l’heure de prendre leur retraite du bénévolat. « Tant qu’on ne devra pas se déplacer en déambulateur, on continuera », concluent-ils en riant.