Le lycée Bascan s’engage contre le harcèlement

A l’occasion du deuxième Comité d’éducation à la santé, à la citoyenneté et à l’environnement (CESCE) qui se tenait lundi 7 avril au soir, l’équipe du lycée Bascan a présenté les actions mises en place pour lutter contre le fléau du harcèlement scolaire et notamment la Team anti-harcèlement.

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Fière de la photo qu’une copine a prise d’elle, une jeune fille la poste sur les réseaux sociaux. Les premiers likes ne tardent pas à arriver et avec eux des commentaires élogieux. Pourtant en quelques minutes, le ton change, les notifications s’enchaînent et les commentaires s’emballent pendant que l’adolescente se recroqueville : « Mais c’est quoi ce haut ? » ; « Trop moche » ; « Comment elle ose porter ça » ; « La balance doit afficher trois chiffres quand elle se pèse ! » « Elle est enceinte de combien de mois ? »…

Le harcèlement scolaire : un fléau qui touche en moyenne 1 élève par classe

Jouée par des élèves de Première option théâtre du lycée Louis Bascan, cette scène de cyberharcèlement – malheureusement réaliste – était notamment présentée en ouverture du deuxième Comité d’éducation à la santé, à la citoyenneté et à l’environnement (CESCE) de l’établissement scolaire qui s’est tenu le lundi 7 avril dernier. Une entrée en matière peu classique pour ce genre de réunion de coordination, habituellement plus académique, qui réunit différents membres de l’équipe du lycée – personnels de direction, CPE, infirmière, professeurs… -, des représentants de parents et d’élèves, ou encore des représentants de la commune.

« Nous avons souhaité consacrer cette réunion au harcèlement scolaire parce qu’il nous semble important de parler de ce fléau et des manières de le combattre. Pour commencer, on a souhaité le mettre en scène avec des élèves de seconde et de première afin de faciliter la prise de conscience et pouvoir ensuite discuter des séquences »,  a détaillé en introduction, Madame Hilali la proviseure adjointe du lycée Louis Bascan avant de préciser qu’une trentaine de situations de harcèlement avaient été traités l’an passé dans l’établissement qui compte près 2400 élèves.

Le harcèlement en chiffres

Selon les résultats d’une enquête nationale révélée en 2024 – et s’appuyant sur des questionnaires d’auto-évaluation remplis par des élèves de CE2 à la terminale – 5% des élèves de CE2 au CM2 sont la cible de harcèlement à l’école ; 6% des collégiens ; et 4% des lycées. Des pourcentages qui révèlent ainsi qu’en moyenne, plus d’un élève par classe est concerné par le harcèlement.  

La méthode Pikas

Afin d’illustrer la prise en charge appliquée au lycée, différents intervenants se succèdent sur scène pour jouer les entretiens type menés auprès des élèves victimes mais aussi des harceleurs présumés en cas de suspicion de harcèlement. L’objectif est de mettre en lumière la méthode Pikas, ou « méthode de la préoccupation partagée ». Mise au point par le psychologue suédois Anatol Pikas, cette approche vise à casser l’effet de groupe sur lequel s’appuie généralement le harcèlement afin de mettre chacun des élèves harceleurs face à une prise de conscience des conséquences de ses actes sur l’élève ciblé et de susciter son empathie. Le tout dans une perspective de sortie crise positive.

Le dispositif Phare

Cette méthode dont la proviseure adjointe estime l’efficacité à 90% est complétée par des sanctions graduelles si la situation le nécessite. Elle s’imbrique dans le dispositif « Phare » mis en place depuis 2022. Ce vaste plan de prévention et de lutte contre le harcèlement à l’école, porte aussi bien sur les problématiques d’intimidation que de harcèlement avéré et s’étend au cyberharcèlement. Il repose sur la mobilisation des acteurs du milieu scolaire, enfants comme adultes, et s’appuie notamment sur une équipe ressource, constituée de professionnels formés – professeurs, psychologues, CPE, infirmiers… – qui se réunissent toutes les 2 à 3 semaines afin d’échanger sur les problématiques rencontrées. Ces référents sont identifiés auprès des élèves qui peuvent aussi tirer la sonnette d’alarme via une icône SOS harcèlement sur Pronote, ou en appelant le numéro d’alerte national 3018.

La prise en charge s’appuie par ailleurs sur une prévention accrue mêlant initiatives tout au long de l’année et actions des élèves par le biais de la Team anti-harcèlement.

La Team anti-harcèlement : les jeunes parlent aux jeunes

Lancée en 2018 au sein du lycée, la Team anti-harcèlement est constituée d’une soixantaine de lycéens. Afin de sensibiliser le plus grand nombre, les jeunes passent dans les classes de leur établissement et y organisent des actions mais sont aussi très actifs à l’extérieur. Ils interviennent en effet tout au long de l’année dans de nombreuses classes de 6ème de la ville et de la région pour aider les collégiens à savoir reconnaitre les situations de harcèlement, mais aussi à pouvoir y réagir grâce à des animations pédagogiques et ludiques. Depuis cette année, ils interviennent aussi dans des écoles primaires, à partir du CE2.